Décembre

2024

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Celui qui a décidé de la guerre en Ukraine peut aujourd'hui l'arrêter.

Chère famille, cousins, amis et connaissances,

Cette année, j’ai du mal à trouver le ton juste pour exprimer mes vœux de Nouvel An. Ce qui se passe dans notre monde est tout simplement révoltant. Nous n’aurions jamais cru que des événements aussi brutaux et inhumains puissent se produire à nouveau et se poursuivre dans la durée.

Afin de ne pas aborder la période de Noël dans le désespoir ou la tristesse, je vous inviter à rêver un peu. Nous vous souhaitons, à vous et aux vôtres, un joyeux Noël, peut-être contemplatif, et des perspectives paisibles pour l’année 2025.

Noël 2025 – KirscHouGarin à Aussois

Neige sur les monts du lyonnais

Décembre est inauguré avec les traditionnelles illuminations du 8 décembre et a vu arriver la neige juste avant Noël.
La veillée de Noël, le 24 au soir dans le gymnase, fut célébrée par une assemblée nombreuse, recueillie et joyeuse.

2024 decembre st sorlin au lever du jour
Les coteaux du lyonnais sous la neige au lever du jour la veille de Noël à Mornant.

Après les fêtes de la nativité, la neige a fait place à une nature givrée, nous incitant à une promenade le long du mornantais avec Susan, Jérémie et nos deux plus jeunes petits-enfants.

Ski à Aussois

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Au loin l'ancien passage vers l'Italie (Col du Petit Mont Cenis), vu du balcon

2024 ski aussois piste 12Les 25, 26 et 27, les Kirsch, Hou, Garin se sont retrouvés à Aussois de manière un peu improvisée. Nady et moi avions répondu à l’invitation de Jérémie de le rejoindre pour quelques jours, et les Garin au complet nous ont rejoints en ce village qui rappelle à tous les anciens de bon souvenirs. C’est ici que Jérémie a chaussé des skis pour la première fois, entre les jambes de son papa. 

L’appel de la neige fraichement tombée, du ciel bleu et des pistes damées était irrésistible. J’ai donc loué des skis pour dévaler les pentes pour la première fois avec Estelle et Alexis qui sont maintenant à l’aise sur la neige. Estelle a même participé de nuit à la descente aux flambeaux.

Alexia en a profité pour re-skier avec son papa, ce qui n’était pas arrivé depuis plusieurs années. Ce sera peut-être la dernière occasion et il n’était pas question de la manquer. Ils n’avaient cependant pas pensé qu’ils fatigueraient grand-père plus vite qu’ils ne l’avaient imaginé… C’est beau, la jeunesse ! 

Les Couturier ont également bénéficié de cette bonne neige en Vanoise car ils avaient réservé à Orelle, quelques kilomètres en aval, pour skier à Val Thorens.

L’après-ski n’est pas négligé, car tous apprécient ces retrouvailles, en forme de pèlerinage, sur des lieux chargés de souvenirs anciens.

Marchés de Noël

Gâteaux, chocolats et autres friandises sont au menu. Vanessa et François ont mis en bocaux leurs olives maturées. Les invitations chez les uns ou les autres sont nombreuses et réconfortantes.
 
Ma filleule et son mari, lorrains, ont débordé au delà des frontières pour fréquenter les marchés de Noël allemands à Sarrebruck et Heidelberg. Une manière comme une autre pour faire des comparaisons et savoir à quoi s’en tenir.
 

Nouvelles d’ailleurs

Noël en Calédonie

2024 noel floch nc
Nouvelle-Calédonie

Le mois festif de décembre est aussi une période pour marquer les étapes dans des activités extrascolaires tels que la musique le chant et pour certaine cousine la passion de l’équitation – le concours de sauts d’obstacles de Flore date de quelque temps, mais la vidéo ne m’est parvenue que récemment.

Anne-Cécile est venue en France pour retrouver son petit-fils Pablo et passer quelques jours en montagne à Risoul avec sa fille étudiante vétérinaire à Toulouse. Cette image de Noël en Nouvelle-Calédonie nous rassure un peu malgré la situation civile toujours tendue.

Ski familial à Aussois

Un assemblage de rush pris sur le vif par Justine et montés par grand-père (3 min).

Alexis et Estelle au piano

Exercices et prestations publiques de l’école de musique en vidéo (5 min).

Flore sur Chouchou

Sur sa jument personnelle : troisième place au concours d’obstacles (1 min).

Commémorations de l’arrivée des troupes américaines à Sarreguemines et Neunkirch
(photo © Philippe Neu – Le Républicain Lorrain, édition du 9 décembre 2024)

Sarreguemines libérée

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Major R. H. Bennet, 44th div U.S.

       Pendant le week-end du 7-8 décembre, les habitants de Sarreguemines ont célébré le 80e anniversaire de la libération de la ville après d’âpres combats, entre le 5 et le 11 décembre 1944. Ils ont rendu hommage au courage des personnes qui ont œuvré pour la liberté au péril de leur vie, dont aussi les soldats américains qui ont payé de leur sang notre liberté retrouvée en ce début décembre 1944.

       Le Major R. H. Bennet lui-même, notre libérateur et interlocuteur avec le commandement U.S., ne survivra malheureusement pas à la progression des alliés vers Berlin. En reprenant l’hymne américain et en organisant grâce à la participation de trois associations un défilé en tenue d’époque de troupes au sol et de véhicules militaires dont le célèbre char Sherman M4, la ville a voulu compléter pour jeunes générations les conférences et expositions qui se sont tenues à cette occasion pendant tout le mois de décembre.

Les personnes de Neunkirch de ma génération et plus âgées, évacuées, réfugiées, rapatriées, opprimées, libérées, ont vécu ces terribles événements. Les souvenirs douloureux des membres de nos familles tués, assassinés ou disparus sans laisser de traces, nous reviennent en mémoire. De l’exode le 1er septembre 1939 à la libération de décembre 1944 et à l’arrêt des combats le 8 mai 1945, les misères, horreurs et dangers traversés ont marqué à jamais les survivants. Les photos en couleur de Sarreguemines pendant la Seconde Guerre mondiale ont été colorisées par le service des archives municipales.

La ville n’oublie pas celles et ceux qui ont donné leur vie pour la liberté, retrouvée après d’âpres combats, entre le 5 et le 11 décembre 1944. Les réfugiés, les résistants à l’occupant nazi, les civils, les Malgré nous, arrachés de leur terre natale pour être envoyés dans les rangs ennemis et participer à un conflit qu’ils n’avaient pas choisi. 

Sarreguemines est restée sur la ligne de front pendant 4 mois de décembre 1944 à mars 1945 ; les Allemands à Folpersviller étaient à 1 kilomètre de Neunkirch où les troupes US s’étaient installées en libérant Sarreguemines. Une section était hébergée chez nous rue de Bitche.

Les épisodes de la guerre :

L’exode en Charente est décrété vendredi, 1er septembre 1939. Neunkirch, mon village lorrain, est vidé de sa population en une journée et ses  habitants sont exilés en Charente. 1944 sgmns liberation 50L’administration avait prévu un repli à pied ou en voitures hippomobiles vers Sarre-Union. Au dernier moment, le maire de la ville voisine de Sarreguemines obtient qu’il se fasse par SNCF pour les deux tiers des 15 351 Sarregueminois. Le ravitaillement n’a pas le temps d’être distribué. L’ordre d’évacuation arrive à 14 h à Sarreguemines, par téléphone et télégramme. Il est annoncé dans la ville à coups de clairon et par les cloches des églises. Entre 19 h et minuit 6·000 à 10·000 Sarregueminois sont convoyées par sept trains, dans des conditions rudimentaires, pour un voyage qui durera cinq ou six jours.

Ma famille avec un courage immense a quelques heures pour tout abandonner, empaqueter quelques affaires d’une trentaine de kilogrammes maximum. Les Neunkirchois sont évacués d’abord à pied puis dans des trains à bestiaux. La capacité est inscrite à l’extérieur des wagons Hommes 40, chevaux 8, un voyage de l’aventure aux larmes.

Exodus

Ma génération, née entre deux guerres, est la dernière à pouvoir témoigner encore sur la période 1939-1945. Après, ce seront les archives, les photos, les films, qui pourront faire revivre ces moments douloureux, oubliés de l’histoire de France. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. c’est pour cela que je voudrais ajouter ma goutte d’eau au vase des souvenirs presque plein, sans faire des calembredaines.

Nous sommes partis, ce vendredi premier septembre 1939, sur une charrette d’un voisin tiré par une seule vache, en direction de Sarre-Union et Sarrebourg. J’allais avoir 5 ans un mois plus tard. Nous, les gamins, étions à pied et cavalions devant et derrière le convoi, comme des chiens sans laisse, jusqu’à ce que la fatigue nous gagne. Nous n’avions aucune idée du tragique du moment malgré la tristesse et le désarroi sur le visage des adultes. Pas de coup de feu. Pas d’ennemis en vue. Pourquoi ce départ ? Deux jours plus tard, nous sommes à Emberménil (54370, Meurthe-et-Moselle). Nous embarquons là, comme des bêtes dociles, dans des wagons à bestiaux, sans sièges ni fenêtres avec de la paille par terre. D’autres personnes, que nous ne connaissions pas, étaient entassées avec nous. La charrette et la vache sont restées sur place et le vélo de mon grand-père aussi. N’ayant pas d’autre récipient pour accepter du lait avant le départ, celui-ci a vidé une de ses bouteilles de vin d’Alsace préférée avec des connaissances présentes.

Après un interminable voyage en wagons à bestiaux nous sommes finalement arrivés à Angoulême en Charente. Nous avons débarqué sur les quais avec le reste de nos bagages à main, sans oublier, bien sûr, la grande caisse en bois dans laquelle grand-père avait emporté les documents importants de la Caisse d’Épargne de Dépôt et de Prêt dont il était le gérant (Spar und Darlehnskasse). La famille comprenait ma mère, son père (mon grand-père et parrain), ma sœur et moi.

matfordMon père était mobilisé à Betschdorf en Alsace, sur la ligne Maginot, avec notre belle voiture Matford de 1937 réquisitionnée. un dernier périple en bus, puis à pied, nous a amenés dans la campagne près d’une ferme située à Messeux près de Nanteuil-en-Vallée aux environs de Ruffec au lieu-dit « chez Clodureau ».

Les fermiers du hameau, Émile (1879-1953) et Marguerite (1889-1983) Boutant nous ont accueillis avec leurs deux fils Rémy (1922-2014) et Camille (1924-2019) deux grands gaillards de dix années mes aînés. La famille possédait, accolée à la ferme, une vieille maisonnette inoccupée. Madame Boutant ayant pitié de nous, a proposé à ma mère de nous y installer. Se sont joints à nous, Marthe Mathi (1907-1998) épouse d’un cousin germain de maman mobilisé comme papa, sa fille Jeanine (1930-2024), filleule de ma mère et son fils Norbert (1938-2014) âgés alors de 9 ans et 2 ans.

Nous voilà à sept dans une grande pièce presque vide avec une énorme cheminée qui occupait quasiment tout un pan de mur. Deux ou trois meubles autour d’une table et quelques chaises et un banc complétaient ce mobilier. Pas de fourneau, pas de vaisselle, pas d’eau, pas d’électricité. Madame Boutant nous a fourni quelques ustensiles de première nécessité et quelques couvertures jetées sur la terre battue. Ma mère étant la seule à parler français couramment s’est débrouillée avec les formalités administratives au Bureau des réfugiés à Nanteuil et a pu nous procurer le minimum nécessaire à un confort rudimentaire. Tante Marthe était plutôt utile à la maison pour nous surveiller et nous nourrir. Mon grand-père, agriculteur, donnait ses conseils appréciés et prêter main forte là où il pouvait.

La vie reprend le dessus point nous nous organisions. Nous, les gamins, avions découvert notre environnement, le grand noyer, la mare, le puits où nous tirions notre eau avec un seau accroché à une chaîne enroulée autour d’un tambour actionné par une manivelle grinçante. Je n’étais pas obligé d’aller à l’école, mais ma mère a décidé que ça valait mieux pour moi, d’apprendre le français, plutôt que de courir les bois. Jeannine était pour moi comme une grande sœur. Pour moi, qui ne connaissais pas un mot de français, elle a été d’un grand secours. J’en garde mille souvenirs qu’il serait trop long de raconter ici.

Après la drôle de guerre et la signature par Pétain le 22 juin 1940 de l’armistice partiel France-Allemagne, les troupes françaises furent démobilisées. Voilà qu’un beau jour notre papa débarque à Messeux, ainsi qu’Alfred, l’époux de Marthe. Aujourd’hui encore, j’ai en mémoire la joie de ma mère de retrouver son mari avec nous. En attendant le jour où nous pourrions retourner ensemble chez en Lorraine, les deux hommes valides se sont rendus utiles à la ferme en donnant un coup de main par-ci par-là aux travaux de l’été. L’oncle Alfred étant mécanicien, s’occupait de tous les outils.

Il a fallu attendre encore. Les Allemands sont arrivés en Charente, s’ensuivirent des formalités administratives pas toujours simples vis-à-vis des nouveaux maîtres des lieux, mais la maîtrise de la langue allemande a parfois été bien précieuse dans cette nouvelle situation. Finalement arrive le grand jour où nous avons pu retourner dans nos foyers saccagés dans l’est de la France, non pas par l’envahisseur, mais par les troupes françaises qui se croyaient déjà en Germanie. Nous voilà redevenus allemands (schon wieder), le débarquement, la libération, les années d’acceptation se terminent. Toute cette période 1940-1945 est l’objet de pages et de pages de souvenirs que je développe par ailleurs.

En 1948 nous sommes retournés en Charente en train. Père, mère et trois enfants, car entre-temps était né le petit frère Robert, l’enfant des retrouvailles en 1941. Quelle expédition via Paris, la grande ville. Au cinéma on a vu Tarzan à New York. Au restaurant on a mangé des frites. c’était l’Amérique pour nous les enfants. En Charente nous avons été reçus en vieux amis. En 1949 je suis retourné seul avec mon grand-père, en train encore. Je faisais le traducteur pour la première fois, car mon parrain ne parlait quasiment pas le Français.

En 1951 nous y sommes retournés en famille et en voiture Peugeot 203. nous avons visité la Dordogne, les Eyzies en Dordogne, le Château des Milandes de Josephine Baker et on a vu la mer pour la première fois à Saint-Georges-de-Didonne, près de Royan, encore à moitié sous les ruines. Au retour nous nous sommes arrêtés à Oradour-sur-Glane dans la Haute-Vienne. En avril 2003, lors d’un tour de France, nous sommes retournés Chez Clodureau en pèlerinage avec nos amis Heinz Anton et Edelgard de Cologne. Le père d’Anton était prisonnier de guerre et a travaillé à ce titre chez les Boutant après la guerre. C’était très émouvant de se retrouver entre Franco-Allemands et nous, Lorrains, entre les deux. En même temps, autour d’un repas gastronomique c’était assez folklorique, car sans répit, je n’arrêtais pas de traduire les subtilités d’expression de chacun, dans la bonne humeur et en toute amitié.

Durant ces années d’après-guerre nos amis charentais et leurs descendances sont venus chez nous. Camille a été exploitant d’un grand domaine agricole à Nersac et Rémi a été directeur commercial de la manufacture de chaussures Rondinaud. Lorsqu’en été, dans la décennie 1950-1960, il allait faire sa tournée de prospection pour la fabrication des modèles d’hiver, c’est mon frère Robert qui l’accompagnait comme interprète. Notre dernier séjour en Charente a été pour rendre visite à Chantal la fille de Camille et Aimée son mari. Nous continuons à communiquer par courrier ou par Internet, tant que la vie nous unit encore. Après nous ce seront les mots du début de ma lettre qui vont refaire surface ; sans oublier mon frère Robert qui a merveilleusement consacré plusieurs pages à la Charente dans son livre généalogique illustré « De Petrus à Alexis ».

De l’aventure aux larmes

Notre village arrive à Angoulême en Charente, d’autres sont partis dans la Vienne. De là, en essayant de satisfaire au mieux les souhaits des familles, les réfugiés épuisés, malades ou affamés, sont répartis en ville ou à la campagne. Les KIRSCH solidairement avec les MATHI, sont accueillis selon leur souhait dans une ferme. Ils trouvent refuge à Messeux (Nanteuil-en-Vallée) au lieu dit « Chez Clodureau » sur la commune de Messeux, où vit la famille BOUTANT. D’autres membres de notre famille, ou amis, sont dispersés dans d’autres communes, souvent éloi­gnées les unes des autres.

Didier Hemmert (1956-2020), conservateur des archives municipales de Sarreguemines, a écrit :

« L’évacuation, pour les uns c’était l’aventure, l’odyssée. Pour les autres c’était le chemin de croix. Selon leur âge, les Sarregueminois l’ont vécue comme une occasion de découverte, ou comme un arrachement au sol natal. Pour la plupart, c’est la première fois qu’ils quittent leur ville. Après deux ou trois mois de terrible flottement, pendant lesquels ils doivent se débrouiller avec les moyens du bord, la vie quotidienne s’organise avec les allocations de réfugié versées par le gouvernement ».

Mon père, mobilisé, rejoint son cantonnement à Betschdorf dans le Bas-Rhin. Il s’y rend avec sa propre voiture car celle-ci, une voiture alsacienne Matford V8 de 1937, est réquisi­tionnée pour les be­soins de l’armée. Il a continué à la conduire comme chauffeur de son officier pendant les six mois de la « drôle de guerre ». Lors du repli de son ba­taillon vers mai 1940, en panne de carburant, il fut obligé par son supérieur de la pousser dans un ravin au Col du Donon sur les hauteurs des Vosges pour ne pas l’abandonner en état de marche aux mains de l’ennemi. Pour conserver un souvenir, il a démonté la montre intégrée dans le rétroviseur ainsi que la plaque d’immatriculation arrière : 7869-LH3.

Famille d’accueil à Messeux

En l’absence de notre père, maman est arrivée en Charente avec ses deux enfants et « Parrain », notre grand-père.

Pour affronter les imprévus d’unmesseux (chez cloduraud charente 1940) jeannine m (10ans) jean paul k (6ans) cecile k (4ans) norbert m (2ans) jeanne bott (28ans) marthe bast (33ans) jean bott (62ans) voyage inconfortable de plus d’une semaine, elle avait fait alliance avec Marthe, épouse de son cousin germain Alfred MATHI, elle aussi seule avec ses enfants Jeannine et Norbert.

La merveilleuse famille BOUTANT qui a accepté de les héberger, se composait des parents :
  Émile BOUTANT (1879-1953) 60 ans
  Marguerite BUISSON, (1889-1983) 50 ans
et de leurs deux garçons :
  Rémi (1922-2014) 17 ans
  Camille (1924-2019) 15 ans

Les âges des réfugiés s’échelonnaient alors de 2 à 62 ans
Jeanne KIRSCH, (1912-2007) 28 ans notre maman
son père Jean BOTT, 1878-1960) 62 ans
ses deux jeunes enfants
  Jean-Paul KIRSCH (1934-) 6 ans
  Cécile KIRSCH (1936-) 4 ans
Marthe MATHI (1907-1998) 33 ans cousine de maman
  Jeannine MATHI (1930-2024) 10 ans
  Norbert MATHI (1938-2014) 2 ans

Ma mère Jeanne, avait fait sa scolarité en français juste après le retour de la Moselle dans le giron de la France et pratiquait l’allemand en famille. Elle pouvait faire l’interprète entre son père Jean BOTT et Émile BOUTANT le charentais ; ceux-ci avaient le même âge à deux ans près, mais l’un ne parlait que français et l’autre ne parlait qu’allemand ! Ils avaient accompli leur service militaire l’un en France, l’autre en Allemagne. En 1914, la Grande Guerre les avait mobilisés face à face dans des armées ennemies : Jean, mosellan allemand, fut envoyé dans le Nord sur le front allemand oriental et Émile, charentais, sur le front français dans les Balkans.

Après la capitulation du 22 juin 1940, les deux époux furent démobilisés :
  Adolphe KIRSCH (1902-1954) 38 ans
  Alfred MATHI (1906-1969) 34 ans
Ils vinrent rejoindre leurs familles à Messeux et y séjourneront deux mois encore dans l’attente de retrouver le village natal. Pour Neunkirch et Sarreguemines les retours ont eu lieu à partir de septembre 1940.

Au retour de l’exode, les Sarregueminois ont rapidement été annexés illégalement pour être juridiquement soumis aux diktats du III Reich. Il était devenu strictement interdit de parler français, le couvre-feu était instauré, le rationnement était la règle et les déportations dans des camps étaient nombreuses (mon parrain et son épouse). Les réfugiés, les réfractaires à l’occupant nazi, les civils, les Malgré nous, arrachés de leur terre natale pour être envoyés dans les rangs ennemis et participer à un conflit qu’ils n’avaient pas choisi ont payé un lourd tribu.

En décembre 1944 Sarreguemines était située sur la ligne de front. La ville n’oublie pas celles et ceux qui ont donné leur vie pour la liberté retrouvée après d’âpres combats, entre le 5 et le 11 décembre 1944.

Hommage aux Malgré-nous : L’incorporation forcée dans l’armée du Troisième Reich a été ordonnée en Moselle dès le 19 août 1942 par le gouverneur [Gauleiter] Josef Bürckel. Dans ma famille furent concernés

  • deux cousins germains, Alexis et Joseph KIRSCH,
  • l’époux d’une cousine germaine, André FREYERMUTH,
  • deux cousins germains de ma mère, Alphonse et René MATHI,
  • un beau-frère de ma sœur, Joseph BURG.

Alexis et René sont morts en Ukraine et Alphonse en Lituanie.

1943 30 avril folpersviller depart sans retour scan rkm
1943 30 avril, gare de Folpersviller : un dernier départ sans retour pour mon cousin Alexis. Je suis le petit bonhomme au béret blanc.
 
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1944 – Les faïenceries de Sarreguemines

De terribles bombardements pour repousser les armées du Reich ont détruit une grande partie de la ville et fait énormément de victimes. Certains villages dans la vallée de la Blies ont été totalement rasés.

Pour le 80e anniversaire de la Libération le quotidien « Le Républicain Lorrain » a publié un témoignage sur l’abri antiaérien du Sacré-Cœur. Une des témoins, Mme Mouzard était une bonne amie de notre maman Jeanne. 

Résumé :
Durant l’hiver 1944, environ 1 300 habitants de Sarreguemines se réfugient dans l’abri antiaérien du Sacré-Cœur, surnommé Herz Jesu Bunker, pour échapper aux bombardements. Construit en 1943 par l’entreprise Dietsch, cet abri souterrain à 15 mètres de profondeur accueille des personnes pendant des semaines, voire des mois. Les conditions de vie y sont rudimentaires, mais organisées, avec des groupes s’occupant de la cuisine et des sanitaires. Le bunker, prévu pour accueillir 3 700 personnes, n’était pas entièrement terminé lors de son utilisation en 1944. La ville de Sarreguemines subit 12 bombardements, dont les plus meurtriers en mai 1944 et octobre 1943. Les habitants se souviennent des conditions difficiles et des moments de peur intense. Le bunker devient un lieu de refuge crucial, avec des témoignages poignants de ceux qui y ont vécu. Après la guerre, il sert de base d’entraînement pour les gendarmes. Aujourd’hui, l’accès au bunker est interdit au public, mais il reste un témoignage important de cette période de l’histoire.

« Im Herz Jesu Bunker »
Sarreguemines, seconde guerre mondiale,

la vie dans le bunker du Sacré-Cœur pour échapper aux attaques aériennes

Par Aurélie Klein et Laurent Mami – 2024
Source : https://www.republicain-lorrain.fr/

le bunker a ete construit a 15 metres sous terre sous l eglise du sacre coeur et le centre des impots (photo © laurent mami)

Durant l’hiver 1944, près de 1 300 Sarregueminois trouvent refuge dans l’abri antiaérien du Sacré-Cœur [Herz Jesu Bunker] pour échapper aux attaques aériennes. Il a été construit en 1943 par l’entreprise Dietsch, à 15 mètres sous terre. Certains y passent des semaines voire des mois. D’autres s’y abritent lors des alertes ou s’y rendent uniquement pour déposer des provisions à leurs proches. Jacqueline Mouzard, 18 ans à l’époque, et Madeleine-Denise Thil, 13 ans, se souviennent. (Photo de l’entrée actuelle, © Laurent Mami – 2024 Le Républicain Lorrain)

Pour échapper aux bombardements
Parmi les habitants de la rive droite, Madeleine-Denise Thil se souvient comme hier de cette époque. De sa mère la protégeant avec ses sœurs en croisant un soldat allemand, des conditions de vie, de l’éclat des bombes, de l’ancienne usine désaffectée qui se trouvait près de chez elle. « On n’avait pas le droit, mais on allait quand même y jouer. » Un jour, elle échappe à un tir.
Les attaques aériennes sont fréquentes. « On était en classe à l’école de la Cité. La sirène a retenti, on est allé se cacher en bas dans la remise. Une bombe est rentrée dans la classe. On pleurait, on voulait retourner chez nous… », confie l’ancienne employée des faïenceries, âgée de 92 ans.
On recense plusieurs bunkers à Sarreguemines. Sur le site des faïenceries, au quartier du Blauberg, à l’arrière des archives municipales et sous l’église du Sacré-Cœur. Surnommé le Herz Jesu Bunker, il a été construit en 1943 par l’entreprise Dietsch.

« Les choses les plus atroces qui sont arrivées dans ma vie »
La ville de Sarreguemines a subi 12 bombardements. Parmi les plus meurtriers, celui du 1er  mai 1944 (91 morts) et du 4 octobre 1943 (133 tués, 309 blessés), détruisant une grande partie de la ville en 36 secondes ! « Le 4 octobre, c’était terrible, se remémore Jacqueline Mouzard. J’étais au lycée, en plein cours on a entendu l’alerte, on nous a dit d’aller dans les caves. » Elle se rappelle des gosses qui chahutaient, de la lumière qui s’est éteinte, des pleurs, du sifflement et de l’éclatement des bombes… « Tous ont hurlé de peur. » Quand l’alerte est terminée, ils ont pu rejoindre leur maison. « Il fallait voir le désordre dans la ville », les routes, les bâtiments détruits, les graviers. « Ce sont les choses les plus atroces qui sont arrivées dans ma vie. »

« C’était rassurant »

1944 habitants de la rive droite trouvent refuge dans le bunker sacre coeurJacqueline Mouzard, 18 ans en 1944, habitait en face du bunker, rue Clemenceau. « Mon père, qui était à l’hôpital, nous écrivait d’aller dans le bunker et on le faisait. C’était rassurant. Il y avait de la place, plusieurs couloirs, mais il n’était pas terminé. » Sa grand-mère s’y réfugie plusieurs mois. « J’allais lui apporter à manger.
J’attendais qu’un obus tombe, je sortais de chez moi et je descendais dans le bunker. Mais un jour, je n’avais plus rien. » Jacqueline Mouzard enfourche son vélo, longe la Blies et se rend à Bliesbruck où se trouve son tuteur. Jacqueline vit avec sa grand-mère et sa sœur handicapée. « J’ai eu une chance inouïe de ne pas être descendue. A cet âge-là, on ne voit pas le danger, on est intrépide. »

« Il y avait même l’électricité »
Dans le bunker, le confort est rudimentaire. A certains endroits, plusieurs centimètres d’eau recouvrent le sol. « La vie y était compliquée, mais c’était organisé, se remémore Jacqueline Mouzard. Un groupe s’occupait de la cuisine. Un autre des sanitaires. Il y avait même l’électricité. »
Des planches de coffrage installées le long des couloirs servaient de bancs pour s’asseoir et dormir. « Il y avait beaucoup de Sarregueminois, se rappelle Madeleine-Denise Thil, née Lett, 13 ans à l’époque. On était assis les uns à côté des autres. Il faisait froid. » Madeleine-Denise n’y reste que deux jours. « Ma tante, handicapée, ne pouvait pas marcher. Mon père l’avait portée de la rue Roth, où on vivait, jusqu’au bunker, mais il n’y avait pas de lit. On a préféré ensuite se cacher dans notre cave. »

Herz Jesu Bunker
Pour de nombreux Sarregueminois, elle reste “Es Bunkerkind”, l’enfant du bunker. Mireille Neiss est venue au monde à 15 mètres sous terre, dans l’abri antiaérien du Sacré-Cœur, où sa mère Jeanne Folz s’était réfugiée durant un mois. Sur son acte de naissance signé par la sage-femme Marie Lang, figure la mention : née le 15 décembre 1944, à 2 h 20, rue Clemenceau, « im der Luftschutzstollen. »Retour à la surface le 23 décembre
Jeanne Folz regagne la surface le 23 décembre 1944, huit jours après la naissance de sa fille. Ses parents vivaient sur l’autre rive. « Mais le seul pont avait été détruit. Il n’y avait plus de moyens de communication, explique sa fille Mireille. Durant sa grossesse, elle est restée vivre chez ses beaux-parents rue du Comte-de-Montalivet. » Son mari, Arsène, qui refusait de servir dans l’armée allemande, s’était caché dans les vestiaires du stade de football. « Son père le ravitaillait. » À l’arrivée des Américains, venus libérer la ville, il sort de sa cachette. « Mais le prenant pour un déserteur, il a été emprisonné à la maison d’arrêt de Sarreguemines, puis dans un camp à La Flèche. » Il rencontrera sa fille pour la première fois en mai 1945.

« Un très important lieu de refuge »

1944 sarreguemines bunker du sacre coeur (capt ecran 1)Plusieurs témoins ont décrit au fil des décennies, dans nos colonnes, les conditions de vie dans le bunker. Mais rares sont les textes écrits sur cette période, qui consacrent un passage sur l’abri antiaérien. Dans un ouvrage dédié à son grand-père Marcel Pierron, figure locale, Jean-Michel Conrad reprend son témoignage sur le bunker du Sacré-Cœur. « Il fut d’octobre 1944 à janvier-février 1945 un très important lieu de refuge pour les Sarregueminois de la rive droite. Il était constitué de trois couloirs principaux dont une partie se trouvait encore étayée par des poteaux en bois et des planches. » Marcel Pierron y décrit le sol en ciment sec à certains endroits ou recouvert de cinq à centimètres d’eau à d’autres, l’éclairage avec une lampe de 25 mètres. « Le soir et la nuit, par économies sans doute, la lumière était réduite. » L’eau à boire était limitée. « Un mince filet d’eau s’écoulait au fond d’une galerie non encore terminée. On la recueillait précieusement pour la préparation des biberons et se laver. »
350 mètres de galeries
Sur les plans d’origine, le Herz Jesu Bunker était prévu pour accueillir 3 700 personnes. Mais lorsque les habitants commencent à s’y réfugier en octobre 1944, seule la première tranche a été réalisée. Les WC prévus initialement n’ont pas été aménagés.
80 ans plus tard, nous avons pu nous y rendre, guidés par Jean-Luc Eberhart, directeur général des services de la ville de Sarreguemines, éclairés à la lampe de poche.
L’accès au bunker est condamné et interdit au public. Pour atteindre les galeries à 15 mètres sous terre, il faut descendre 82 marches, avec la particularité que deux escaliers ont été aménagés, l’un pour monter, l’autre pour descendre, et surtout pour empêcher les bombes d’atteindre les souterrains.
Une immense porte en bois et en fer, rongée par la rouille, indique l’entrée des 350 mètres de galeries sur deux mètres de large. Les plafonds, remplis de stalactites, sont voûtés. Le sol en pavé était autrefois recouvert de terre battue. On aperçoit encore des câbles, une brouette, un pneu, une vieille armoire électrique, le système d’étais, dont certains ont cédé.

Terrain d’exercice

l acces au bunker est aujourd hui strictement interdit (© laurent mami)Le temps a fait son œuvre. Les lieux sont sombres et humides. Par endroits, l’eau ruisselle le long des parois. « Il y a tout un réseau de captage des eaux de ruissellement », explique Jean-Luc Eberhart.
Le bunker était doté d’une salle des machines, d’un système d’aération et de chauffage. Après la guerre, il a servi de base d’entraînement pour les gendarmes, « pour réaliser des exercices d’évacuation ou simuler des situations très particulières. Ce genre d’ouvrage n’étant pas fréquent ». La convention pourrait être renouvelée. Une visite a récemment été organisée.

Le Républicain Lorrain
édition du 11 nov 2024
Herz Jesu Bunker.odt

Un pari relevé

Après cinq années de restauration acharnée, la cathédrale Notre-Dame de Paris rouvre ses portes. De 2020 à 2024, le travail passionné des pompiers d’abord, puis des archéologues, des restaurateurs, des architectes et de tous les corps de métier a été documenté et filmé. Des milliers d’heures de vidéos, d’images inédites et d’entretiens furent réalisés en parallèle à la reconstruction, donnant lieu à de nombreux reportages et films documentaires.

Un très grand merci aux donateurs et aux services publics qui ont financé les entreprises, l’établissement public «·Rebâtir Notre-Dame de Paris·» en charge de cette aventure humaine et technique exceptionnelle. S’atteler à la restauration de l’un des monuments les plus emblématiques du patrimoine français a représenté, pour l’ architecte en chef des monuments historiques, et pour les artisans participants, un engagement face à l’Histoire. C’est l’œuvre de leur vie.  De nombreuse émissions télévisées leur ont rendu hommage.

volodymyr zelensky, emmanuel macron et donald trump samedi 7 decembre 2024 paris (© julien de rosa afp)

La cathédrale, nettoyée, est baignée d’une lumière nouvelle qu’elle n’avait peut-être jamais connue. De même, on ne s’attendait pas à la rencontre improbable en la cathédrale et l’entretien tripartite en marge de l’ouverture du monument entre D. Trump, E. Macron et V. Zelensky. Les deux hommes d’état avaient accepté l’invitation du président Macron pour cette inauguration exceptionnelle.

Le lendemain dimanche 8 décembre, réveillant l’orgue et consacrant l’autel, Mgr Ulrich, archevêque de Paris, a célébrée en grandes pompes la première messe en la cathédrale rénovée.

Lien : Tous les articles du journal Le Monde
sur la reconstruction de Notre-Dame de Paris

Lien : Le roman du pari de Notre-Dame
par le journal Le Monde.

Bonne année 2025

ligne rk

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  • Publication publiée :16 décembre 2024
  • Auteur/autrice de la publication :
  • Commentaires de la publication :2 commentaires

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Cet article a 2 commentaires

  1. Avatar for Bob
    Chantal mosser

    Bonne année a toute la famille, que cette année 2025 vous garde en très bonne santé et que tous vos projets se réalisent.

  2. Avatar for Bob
    Anne-Cécile

    Bonne Année et bonne santé les KIRSCH et toute leur tribu.
    Gros bisous de la Canebière.