Octobre

2024

2024 jpk 90 ans et ses filles
JPK 90 ans, et ses filles, le 12 octobre 2024

Silence on cause

Le silence dans la conversation est une respiration,
dans la communication c’est une panne.

David Le Breton (Université de Strasbourg)

Communiquer n’est pas converser.

david lebreton univ strasbourg

Par David Lebreton, professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, membre de l’Institut Universitaire de France et de l’Institut des Études Avancées de l’université de Strasbourg (USIAS).

J’entends par communication la relation à autrui par l’interposition de l’écran, la distance, l’absence physique, une attention distraite, flottante… utilitaire, recherchant l’efficacité. À l’inverse, la conversation relève souvent de la gratuité, de la flânerie, de la rencontre, elle est une parole partagée en étant ensemble en toute conscience, où le dialogue prend son son temps.

Si la communication fait disparaître le corps, la conversation sollicite une mutuelle présence, une attention au visage de l’autre, à ses mimiques et à la tonalité de son regard. À l’inverse de la communication où toute suspension sollicite un pénible rappel, surtout pour ceux qui sont autour et ne sont pas concernés, d’un : «·On a été coupé·», «·T’es là·?·», «·J’entends plus rien·» «·Je te rappelle·».

La conversation n’a pas ce souci car le visage de l’autre n’a jamais disparu et il est possible de se taire ensemble en toute amitié, en toute complicité, pour traduire un doute, une méditation, une réflexion.

Lire plus : https://theconversation.com/avec-les-smartphones-la-conversation-en-peril-225478

JPK et ses filles, le 12 octobre 2024

Jean-Paul fête se 90 ans 

Le 12 octobre, avec Josy son épouse, entouré de sa famille et de nombreux amis, Jean-Paul a vaillamment célébré son 90e anniversaire à l’Auberge du Parc à Epping, à 20 km à l’Est de Sarreguemines ne pas confondre avec Epping à 20 km au nord de Londres. 

À Epping, village d’environ 600 âmes aujourd’hui, ont vécu six de nos ancêtres identifiés à ce jour :

Allocution de Jean-Paul

2024 jpk 90 ans (3) bandeau

  Ma chère Josy, les enfants, la famille et les amis,

  Un grand merci à vous tous qui êtes venus de près ou de loin, pour cet anniversaire exceptionnel qui est aussi celui de Pierre, de Nathalie et de mon frère Robert, le 9. Merci pour les belles photos sur le Smartphone de Josy, les quelques cartes postales écrites à la main, tout au long de l’année et pour le Familéo mensuel, que j’attends toujours avec grand plaisir.

  Je fais un clin d’œil à tous les Kirsch présents et absents, à ma noble descendance qui ne cesse de croître et à tous ceux qui nous ont précédés ou qui sont partis avant l’heure : ceux de la Kirschlerie et les Kirsch du Dakota du Nord ou de New York, les schwarze Kirsche, les rote Kirsche, les Kirschekäre, le Kirschwasser et ceux sans S, le Kirchturm, le Kirchekor, le Kircheneck, le Kirchhof et aussi les KirscHou, dont Alexis, le dernier des Mohicans, le seul à pouvoir transmettre le nom de la dynastie des Kirsch et auquel, en tant que patriarche, détenteur de la baraka, je porte un toast.

  Je vous avais donné rendez-vous il y a 10 ans. Oserais-je encore vous donner rendez-vous dans 10 ans ? On peut toujours essayer, puisqu’il ne reste qu’une petite dizaine pour remplir un siècle plein de changements et d’innovations.

  Quand je me regarde, je me fais pitié. Quand je me compare, je me console. Les pieds traînent, les vertiges me font tanguer, les dents cassent, les oreilles se bouchent et les muscles relâchent. Mais quand l’appétit va, tout va et c’est le cas. C’est pourquoi à 90 ans, je dis que tout n’est pas fini. Je veux encore…

  Je veux encore regarder le jour qui s’en vient et m’étonner d’un nouveau matin. Poser mes pas au creux des pierres, en me sentant grain de poussière. Croire qu’il n’est pas trop tard pour oser un autre départ.

  Vouloir percer tous les mystères alors qu’on est éphémère. Pouvoir se retrouver tantôt coquille de noix ou bien rafiot vers quelques îles étrangères ou l’aventure est passagère et profiter de ces instants encore pendant qu’il en est temps.

  Savourer que l’on est ignorant, s’émerveiller comme un enfant, être capable de colères lorsque les autres s’indiffèrent et coupable de temps en temps de se montrer trop indulgent.

  Vouloir connaître tant de choses sans que personne ne s’y oppose. Pouvoir apprivoiser des mots, en redessiner de nouveaux pour se refaire une mémoire quand tout n’est plus que provisoire

  Je veux encore briser mes ultimes défenses, être déchiré par l’absence, rire de tous ces petits riens et en pleurer le lendemain. Cultiver la mélancolie sans s’occuper des railleries. Me passionner bien plus souvent pour ne plus perdre un seul instant. Ressentir à nouveau l’ivresse comme un aveu de faiblesse. Ne plus voir les jours qui s’en vont·; aimer jusqu’à la déraison avant que tout ne s’évapore, prendre le temps de vivre encore (Jean Marie Vivier).

  Et pour terminer ces pages, j’emprunte les paroles sages de mon grand ami Jean notre doyen ici présent : « Besser jung, rich un gesund wie alt aarm un kronk wie e Hund ».

Avec toute mon amitié de la part du nouveau nonagénaire,
Le Papy de la Kirschlerie.

Que de chemin parcouru

  Cher Jean-Paul,
en voilà 90 de passées !
(Par Jean-Marie Buchheit)

  Que de chemin parcouru et quelle belle famille avec de vraies valeurs: l’amitié, la fraternité, la convivialité, en un mot l’amour de la Vie. La graine semée a bien germé et on en voit les fruits aujourd’hui. Tu as montré l’exemple il n’y a qu’à suivre cette recette du bonheur pour en apprécier les saveurs. Le temps qui passe n’est qu’un élément de mesure, le plus important est ce qu’on en fait.

  2024 jpk 90 ans (30)Faire quelque chose de son temps c’est vivre pleinement pour laisser une trace, une onde à la surface de l’eau qui s’efface en s’éloignant dans l’espace et le temps. C’est vivre ses passions et atteindre les hauts sommets du cœur et de l’âme, c’est partager ses émotions, ses douleurs, ses craintes, ses peurs. C’est aussi montrer que la joie de vivre, l’optimisme gomme toutes les appréhensions.

  Tu nous en as fait voir de toutes les couleurs, une vraie quadrichromie en somme et page après page elle s’est imprimée dans nos cœurs et nous la garderons sous une chape de plomb.

  Les typographes connaissent la chanson car ils savent bien composer… des paroles de plomb certes, qu’ils justifient dans un composteur qui n’a rien à voir avec les déchets et créent des pages, ligne après ligne en modulant parfois les espaces, les interlignes et en respectant les règles typographiques. Dans leur quartier, il y avait même des polices de caractères.

  Les imprimeurs, dont je fus, multiplient ces pages en autant d’exemplaires que demandés et se livrent page après page, cahier après cahier. Ils imposent leurs 4 pages, 8 pages sur le marbre de la machine et c’est une imposition qui n’a rien à voir avec les services fiscaux. On se rappelle encore de la platine et la cylindre Heidelberg, la Presto puis l’offset GTO. Et l’odeur terrible des clichés caoutchouc. On n’avait pas encore d’imprimante 3D à cette époque. Mais la machine à écrire IBM à boule en était peut-être déjà le prélude.

  Nous avons connu « Kirsch Frères », « Kirsch et Cie », et « 3K ». Je pense que même la télévision a du s’en inspirer puisqu’on peut l’avoir maintenant en « 4K »… En fait, tu as toujours su faire bonne impression, non ?

  Nous étions les derniers artisans de ces métiers hérités de Gutenberg et remplacés plus ou moins bien par l’intelligence artificielle, mais notre intelligence à nous était innée et naturelle. Aujourd’hui les ordinateurs prennent le dessus et nous autorisent ou pas, c’est selon, nous en devenons dépendants. On efface doucement, jour après jour, le côté humain que tu as su nous faire découvrir et aimer. Les temps changent, les cœurs aussi. Dommage.

  Tu entames la dernière décennie avant un âge à trois chiffres et nous te la souhaitons épanouissante et pleine de joie, de bonheur, de satisfaction, entouré de toute l’affection des tiens et celle de tes amis. Merci pour ce beau moment de partage et de cette chaleur amicale et familiale qui réchauffent cette belle journée du Livre de ta Vie. Et c’est bien dommage que nous ne puissions te souhaiter un bel anniversaire sous un soleil…. de plomb mais le cœur y est ! Foi d’imprimeur !

Epping, le 12 octobre 2024,
un imprimeur en retraite

A Glaas met’m Holzbehn

Connaissez-vous l’histoire
du verre à la jambe de bois ?

  Lors d’une des dernières réunions d’information avant notre départ pour le Népal [en 1998], nous étions rassemblés chez les Brouch. Pour terminer cette soirée, Huguette et Guy nous ont gâtés avec une pizza et un verre de vin d’Alsace dans de jolis verres en cristal au long pied vert. En déposant son verre, Guy, sans le faire exprès, l’a cassé. Quel dommage. Heureusement il était vide.

2024 jpk 90 histoire verre a la jambe de bois (par guy) document rapporté et lu par Guy Brouch

  Voyant cet accident, Jean-Pierre, notre chirurgien du bois, au cœur généreux, a eu pitié, a ramassé les morceaux et a promis de réparer les dégâts. Ce qui fut fait. Notre départ pour l’Himalaya a eu lieu le 13 octobre 1998 et à l’aéroport de Paris, quelle ne fut pas notre surprise de voir, camouflé sous les habits de Jean-Pierre, tout un attirail qui nous a bien fait rire et surpris les gabelous de Roissy. Autour de son cou, Jean-Pierre avait attaché d’un côté une bouteille de Château Micalet et de l’autre côté un tube en bois de mélèze contenant le verre réparé avec son nouveau pied en noyer.

  Ce verre de l’amitié nous a suivi partout au Népal et est revenu avec nous après notre expédition. Au retour de l’Island Peak (6189·m), notre premier 6·000, nous avons passé une nuit au Lions Lodge et Jean-Pierre, n’y tenant plus de trimballer son attirail, a ouvert la bouteille de Micalet qu’on a dégusté dans cet unique verre, accompagné d’un foie gras que j’avais prévu à cet effet.

  Lors de notre assemblée générale du 3 février 2024, Jean-Pierre a eu l’honneur et l’immense plaisir de restituer solennellement à Guy et à Huguette, cette relique chargée d’histoire et témoin de notre «·Expédition Himalaya 98 Fraternité Népal ».

Texte historique de Jean-Paul, alias JPK.

2024 nady cecile sgmns (conivence)

Chez Cécile

Pendant notre séjour à Sarreguemines, nous avons bien sûr, été hébergé chez Cécile.

Par ailleurs Nous avons rencontré Marianne Haas, très active pour la survivance du parler francique, le dialecte local germanique. Marianne et Roland son mari nous ont généreusement accueillis un après-midi pour une très intéressante discussion. Nous avons également abordé l’émigration des Mosellans au 18ème siècle vers les plaines du Danube dans le Banat et le retour de certains de leurs descendants après la 2ème guerre mondiale grâce à l’intervention de Robert lothar merkelbach (couverture)Schuman, un artisan majeur de la construction de l’Europe.

Marianne Haas m’a aussi fait parvenir gracieusement une version numérique de la traduction qu’elle a effectuée du livre de Lothar Merkelbach.

Halloween à l’école d’Estelle à Bois d’Arcy puis à Mornant

À l’école d’Estelle de Bois d’Arcy

Pour les vacances de la Toussaint, l’école d’Estelle et d’Alexis avait organisé en soirée du dernier jour d’école un « labyrinthe des horreurs ». Bien préparé par l’encadrement scolaire, enfants et parents se pressaient dans la cour de récréation pour affronter le parcours dans un des bâtiments scolaire. 

À la Condamine

En fin de mois, à Mornant, quatre groupes d’enfant, très bien grimés ont frappé à notre porte nous menaçants avec un sort pour nous extorquer des friandises. Le petit fils de notre voisin d’en face a clôturé le défilé.

État actuel du camp de concentration Nazi du Struthof
Sur les hauteurs vosgiennes de la commune de Natzwiller
Les baraques étagées sur les plateformes en restanques ont été rasé.

Camp de concentration du Struthof

Ancien camp de concentration de Natzweiler, aujourd’hui Natzwiller « Centre européen du résistant déporté »

Le camp de concentration de Natzwiller-Struthof est le seul camp de ce type sur le territoire français. Il pouvait servir de camp d’exter­mination, car il était équipé à partir de 1943 d’un four crématoire et d’une chambre à gaz. À 120 km de Sarreguemines, le camp est situé sur la commune de Natzwiller, dans les Vosges à 800 m d’altitude et à 40 km au Sud-Ouest de Strasbourg sur l’emplacement des pentes de ski appréciées des Strasbourgeois avant la guerre.

Le 23 novembre, jour de la libération de Strasbourg, l’armée américaine entre dans le camp, mais dès les premiers jours de septembre 1944, devant l’avance des armées alliées, les nazis avaient évacué le camp principal en transférant la plupart des déportés vers le camp de concentration de Dachau. Seuls quelques-uns restant à Natzweiler sous la garde d’un petit nombre de SS seront délivré par les soldats américains. Ce fut le premier témoignage de l’univers concentrationnaire nazi découvert par les Américains. Ce camp continua à être utilisé en 1945, pendant l’épuration, comme camp de prisonniers par les FFI qui ne montrèrent guère plus de de respect pour leurs détenus.

camp natzweiler struthof (1944 decembre apres liberation portail domaine public)1944 natzviller camp ancien 16x9À l’occasion d’une journée d’excursion en autocar autour de 1946-1947, j’avais cinq ou six ans, j’ai visité ce lieu avec papa et maman dans l’état où les nouveaux occupants temporaires l’avait laissé en 1945. J’ai bien aimé cette excursion et toute la visite m’avait beaucoup intéressé, car un guide (ancien détenu ?) nous donnait beaucoup d’explications.

2024 natzviller struthof four crematoireLe souvenir de tas de cheveux, de chaussures et d’autres tas de petits objets personnels insignifiants qui paraissaient des montagnes aux yeux du bambin que j’étais est gravé à jamais dans ma mémoire avec la chambre à gaz et le four crématoire. Je ne sais si on me l’avait proposé ou si je l’ai demandé, mais j’ai poussé et tiré le chariot métallique d’un de ces fours de crémation.

L’image des crochets de boucher scellés dans le pla­fond d’une salle toute carrelée en blanc comme une chambre froide dans laquelle nous nous promenions, ne s’est jamais évanouie ; c’était la salle des douches qui permettait de désinfecter les nouveaux arrivants. C’est ainsi également que j’ai été dans la chambre à gaz.

2024 natzviller struthof chambre à gaz reamenagement plafonOn noustelegramme de josef kramer (ahnenerbe bundesarchiv 4258f03e6e) montrait dans un coin l’orifice par où pénétrait le gaz mortel et derrière la cloison on nous a fait remarquer le local de préparation du gaz. Je me rappelle bien le terrain en pente et il me semble que l’installation de gazage était installée sur le haut d’un terrain. Le 14 avril 1943 le commandant du camp rendait compte par télégramme à son supérieur que l’installation d’une G.·Zelle [cellule à gaz] était terminée.

La vie du camp du Struthof a été immortalisé après guerre par les dessins d’Henri Gayot (1904-1981) relatant le quotidien des déportés. Résistant français, dessinateur de formation, il est déporté le 6 avril 1944 au Struthof, puis évacué en septembre 1944 au camp de Dachau dont il est un rescapé. Il est l’auteur des deux dessins reproduits ci-dessus.

« Mémorial Alsace-Moselle » à Schirmeck

Tout près de Natzwiller, sur la hauteur dominant le bourg de Schirmeck, nous nous sommes arrêtés au Mémorial Alsace-Moselle.

    Les Alsaciens et Mosellans ont changé 4 fois de nationalité entre 1871 et 1945. Par une scénographie immersive et dynamique, le Mémorial Alsace-Moselle dévoile l’histoire particulière de ces territoires, de 1870 à nos jours, notamment pendant la période de la Seconde Guerre mondiale.

    De 1940 à 1945, l’Alsace et la Moselle furent la seule partie du territoire français à être annexée de fait au IIIe Reich et à connaître l’extrême violence d’un régime totalitaire.

    Cette situation ne peut se comprendre sans revenir sur les traces d’une région longtemps disputée par la France et l’Allemagne, et aujourd’hui riche des cultures héritées de cette longue lutte.

    Ce lieu offre une leçon d’histoire à la portée universelle qui nous enseigne la nécessité qu’il y a à unir les Européens dans leur diversité et dans le respect de la dignité de chacun pour leur offrir la paix et la liberté. L’espace final est consacré à la construction européenne.

Introduction au mémorial

Vidéo de 3 minutes sur l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof et le Centre européen du résistant déporté

Vorbruck-Schirmeck

À savoir : Dans la plaine, en contrebas du Mémorial, au lieu dit Vorbruck-Schirmeck, se trouve le Camp de Sûreté de Schirmeck [ Sicherungslager]. Ce fut un camp d’internement et de rééducation par le travail (AEL, =  Arbeitserziehungslager), annexe des prisons d’Alsace, outil de pression pour les réfractaires aux mesures d’incorporation, lieu de transit avant les camps de concentration. 15·000 Alsaciens-Mosellans réfractaires au régime nazi y furent internés durant la Seconde Guerre Mondiale.

Auberge Metzger à Natzwiller

Natzwiller, 67130, Bas-Rhin, 55 rue Principale : http://www.hotel-aubergemetzger.com/fr/

2024 natzviller robert romain jean paulJ’avais proposé à Jean-Paul de retourner avec lui au camp de concentration du Struthof. Son idée à lui, était de demander à Romain de faire le chauffeur. Celui-ci avait besoin de se réapprovisionner en vin chez Jost. Il connaît aussi une adresse gastronomique à Natzwiller, quoi de plus pour organiser une excursion d’une journée en Alsace en voiture avec un chauffeur expérimenté !

Domaine Jost

https://domainejost.com/

À Scharrachbergheim, Bas-Rhin.

jost jean marc et celinejost vinLe Domaine JOST à Scharrachbergheim se situe à seulement 20 kilomètres de la ville de Strasbourg. Les propriétaires, Jean-Marc et Céline, sont fiers de leurs 27 années d’exploitation du domaine Reysz-Jost qu’ils ont acquis. En dépit de cette reprise dans laquelle la modernité est restée leur souci, ils n’ont pas oublié l’histoire unique de leur riche terre d’Alsace produisant des vins d’exception, dont le Gewurztraminer Prestige. (images © domaine Jost)

 

Reims

 Parvis de la cathédrale

Cathédrale du sacre des rois de France

Première cathédrale en 400

2024 reims cathedrale 1 La première cathédrale de Reims est construite en 400 par saint Nicaise, 11 évêque de Reims. Saint Remi y baptise Clovis, le roi des Francs en 496 et six rois mérovingiens y reçoivent l’onction royale.

Deuxième cathédrale en l’an 820

2024 reims cathedrale 2La deuxième cathédrale de Reims, basilique carolingienne, est construite vers l’an 820, par l’archevêque Ebbon, avec l’appui de l’empereur d’Occident Louis le Pieux et de son architecte Rumald, pour remplacer la première qui menace ruine. Elle est détruite par un incendie en 1210. À cette époque, la ville de Reims est un carrefour commercial, une métropole religieuse et un centre intellectuel reconnu. De riches corporations et une classe bourgeoise s’y développent et s’associent pour construire une nouvelle cathédrale. 

Troisième cathédrale en 1211

2024 reims cathedrale 3Le 6 mai 1211, l’archevêque Aubry de Humbert pose la première pierre de la troisième cathédrale, de style gothique classique, conçue par l’architecte Jean d’Orbais. Plusieurs architectes se succèdent durant deux siècles. La construction débute par le transept nord, puis par l’abside et enfin par le transept sud. C’est l’architecte Jean le Loup qui achève cette première tranche de travaux. Le chapitre prend possession du chœur en 1241. Il débute la construction des portails ouest. Gaucher de Reims poursuit les travaux pendant 8 ans et travaille probablement sur le grand portail, puis Bernard de Soissons prolonge la façade occidentale jusqu’au niveau de la galerie des rois. Il construit les cinq premières travées de la nef, laissant un vide entre elle et le massif occidental. 2024 reims labyrinthe la signature des batiseursBernard de Soisson entreprend la construction de la grande rose vers 1280. Robert de Coucy achève les parties hautes de la nef, fait exécuter le labyrinthe aujourd’hui disparu et construit les quatre travées manquantes de la nef, permettant ainsi de joindre la façade occidentale vers 1300.

Les trois illustrations sont l’œuvre d’André Vanderaa dans «·Quand Reims bâtissait sa cathédrale·», de Daniel Pellus, 1962.

Le style gothique 1200

2024 reims cathedrale ebrasement portail central)Les statues sont celles d’Élisabeth et de la Vierge de la visitation. Ce style apparaît sur les cathédrales de Sens et de Chartres vers 1200-1220. À Reims, ces statues ont probablement été sculptées vers 1235-1245. Ce style est dit dit antiquisant car il intègre les apports de l’art mosan [art roman d’influence carolingienne et ottonienne de la vallée de la Meuse] qui débute vers 1100 et reprend le style des statues romaines inspirées des statues grecques : aisance des vêtements v2024 reims embrasement portail gaucheoulant représenter le coton, souplesse des plis mouillés de formes très naturelles et humaines, arrondies et épousant celles du corps. On devine les genoux, les hanches et l’anatomie très bien rendus sous les plis. Les personnages ont les yeux grands ouverts et très expressifs. l’ange au sourire du portail gauche illustre la maîtrise des proportions et le classicisme des visages.

1919 reims la cathedrale bombardeeBombardements de 1914

La cathédrale après l’incendie et les bombardements de 1914
Entre 1914 et 1918, la cathédrale est en partie détruite par un incendie et les bombardements dont les façades gardent les stigmates. Henri Deneux, architecte en chef des monuments historiques, est chargé des travaux de reconstruction et de restauration.

Art kanak par Paula Boi Gony 1997

En 1878
L’insurrection Néo-calédonienne
du grand Chef Ataï

Travail de thèse du Père Apollinaire en 1965

Préalable

nc pere apollinaireEn 1965 pendant ses études à Paris, Ataba Appolinaire Anova (1929-1966), dit le « Père Apollinaire », nous livre ses réflexions, à mes yeux assez visionnaires. Descendant de la tribu du grand Chef Ataï, son texte met met en lumière la difficulté d’entrer dans l’univers mental d’un congénère dont on ignore les propres normes.
Je pense alors à la métaphore de la sphère de l’autre dont l’intérieur m’est invisible car je ne vois pas – ou je ne veux pas voir – ce qui se trouve en dehors de ma propre sphère mentale. Je ne comprends plus l’autre si nous n’appartenons pas à la même sphère de normalité. L’autre, la personne étrangère, devient ainsi à mes yeux anormale.
Avec cette idée en tête, il est très tentant de mettre les réflexions d’Apollinaire de 1965 sur la révolte de 1878 en parallèle avec les  événements de 2024 en cours en Nouvelle Calédonie. Autant dire que l’histoire de la Nouvelle Calédonie française est une histoire cousue d’amour et de haine, tricotée par des générations en plusieurs couches enchevêtrées. (R. K.)

Plus sur « Le Père Apollinaire, prêtre calédonien » dans l’article par Maurice Lenormand, le Père Nicolas Gauthier, Jean Guiart, Monseigneur Martin, Patrick O’Reilly – Journal de la Société des Océanistes Année 1969 25 pp. 189-199
https://presencekanak.com/2020/06/12/apollinaire-anova-premier-ecrivain-kanak/

Présentation

De la thèse du Père Apollinaire, trop volumineuse, le « Journal de la Société des Océanistes », présente deux importants extraits concernant la Nouvelle-Calédonie. L’un est consacré à la « Révolte de 1878 », l’autre concerne le « Problème foncier ». Nous les considérons comme deux aspects caractéristiques des études et des réflexions du Père Apollinaire.
Que ces textes, qu’il aurait aimé voir publier de son vivant, soient dédiés à la mémoire de ce pionnier d’une recherche proprement calédonienne. Puissent ceux de sa race poursuivre avec une même persévérance son difficile et méritoire effort, l’égaler, le dépasser, pour l’honneur de la Grande Terre et pour une plus parfaite et mutuelle compréhension de ses habitants d’aujourd’hui.
Voici ses réflexions concernant la Révolte de 1878 et le rôle du Grand Chef Ataï.

 Journal de la Société des océanistes, Tome 25, 1969. pp. 201-219

L’insurrection de 1878

Par le père Apollinaire,
Texte intégral : https://www.persee.fr/doc/jso_0300-953x_1969_num_25_25_2260?q=p%C3%A8re%20Apollinaire 

Plan du document

  • À armes inégales. Un duel a mort
  • Le jour « j » : 19 juin 1878
  • Le rapt d’une femme autochtone, cause de l’insurrection de 1878
  • Le casse-tête contre le fusil-à-piston
  • Diviser pour régner
  • La dernière cartouche du grand chef Atai
  • L’assaut du poste de Téremba
  • La mort glorieuse du grand chef Atai
  • Conclusion : la Calédonie, aujourd’hui

Feuilleter ou télécharger le document 

Extrait :

II y a des faits historiques survenus au cours des siècles et qui laissent encore leurs empreintes sur notre monde actuel. La Révolution française par exemple, marque encore aujourd’hui, et profondément, les structures temporelles et religieuses, non seulement de la France, mais de l’Europe et d’une grande partie du monde. On ne peut faire l’histoire de la France ou de l’Europe sans faire mention de la Révolution de 1789. Même le Français de 1965, dans son mode de penser et d’agir, hérite, qu’il le veuille ou non, des principes de liberté, égalité et fraternité de la première République.

Le Néo-Calédonien d’aujourd’hui est marqué, lui aussi, comme le Français, par un événement capital survenu au cours de l’histoire de son île. Cet événement, ce fait historique, c’est l’Insurrection de 1878 (1). Qui se propose de faire l’histoire de l’île se doit donc de décrire l’Insurrection, de montrer objectivement les motifs et d’analyser les répercussions sur ‘la société globale actuelle.

Quel est le but de notre étude ? Au point de départ, pour éviter tout malentendu, nous tenons à préciser qu’il ne s’agit aucunement ici d’un but de politique autonomiste ou nationaliste d’aucune sorte. Car, on ne peut honnêtement exploiter le passé avec une optique du 20e siècle pour construire un avenir solide et durable, surtout si cet avenir engage deux populations qui étaient en état conflictuel durant ce passé. Il s’agit ici essentiellement d’une étude d’ordre sociologique à partir d’un fait historique survenu à un moment précis de l’histoire des Calédoniens. En d’autres termes, dans la personne du Grand Chef Ataï, nous voudrions découvrir toutes les valeurs socio-culturelles de son milieu à un moment précis de l’histoire. Car, dans tout conflit on défend des valeurs. On meurt pour « quelque chose » auquel on croit.

atai 143 ans apres sa mort le grand chef enfin inhume sur sa terre natale (© bibliotheque gallica gravure 1878)La méthode que nous suivrons sera la relation des faits tels qu’ils se sont déroulés et, à l’occasion, de ceux d’entre eux jugés importants. Nous ferons ressortir leur portée et leur influence sur la société actuelle. Mais, entendons-nous bien : Notre préoccupation sera surtout celle d’entrer dans le « jeu » des partis qui sont en présence. Nous essayerons de les faire évoluer dans le contexte de leur temps, de leur milieu et de leur vie naturelle. Par ce biais, le lecteur pourra saisir la psychologie des uns et des autres, laquelle est marquée par un cadre socio-culturel et historique propre. Et c’est, en définitive, parce qu’il y a de part et d’autre hétérogénéité de vision du monde, des choses et de la vie, qu’il y a conflit. La raison du conflit n’est pas uniquement une question de race (3) mais surtout une conception philosophique du monde et de la vie. Aussi, faire l’histoire de ce qui s’est passé en 1878 en Nouvelle-Calédonie, cela suppose non seulement une description objective et chronologique des événements, mais surtout une parfaite connaissance des mentalités des deux populations à cette époque. 

Aujourd’hui, ces deux mentalités ont évolué, mais il n’en demeure pas moins que 87 ans de vie commune après le 19 juin 1878, début de l’Insurrection, ne peuvent effacer entièrement une tâche qui demeure telle, aussi bien pour les vainqueurs que pour les vaincus (2). De part et d’autre, en effet, lorsque l’on ose toucher au « Tabou » de l’insurrection comme au « Tabou » de l’implantation européenne dans le Territoire, les cheveux se dressent, les dents grincent et les griffes s’ouvrent. Pourquoi de telles susceptibilités ? Pourquoi vouloir se regimber contre l’histoire ? Certes, nous n’ignorons pas que des « littérateurs » s’enrichissent en exploitant et en ridiculisant notre passé. Mais toute cette littérature mercantiliste et qui n’a pour décor que du mépris pour la personne humaine, se condamne elle-même. Nous devons être fiers de notre passé. Nous devons être fiers de nos luttes et de nos victoires communes. L’autochtone doit être fier de celui qui était l’âme de l’Insurrection de 1878 : le grand chef Ataï. Il doit voir en lui le symbole, « l’incarnation » de celui qui doit être son modèle dans la construction de son pays. L’Européen ne doit pas renier ceux qui édifient des églises, tracent des routes, construisent des écoles et des hôpitaux. Ils sont eux aussi des pionniers. Nous leur devons notre admiration et notre profond respect. Dans les lignes qui vont suivre, ne perdons pas de vue ces quelques considérations préliminaires.

1 Le terme « Insurrection » n’est pas adéquat. L’entendre dans le sens de « conflit ». (P. Apollinaire)
2 Nous montrerons dans cette étude qu’en fait il n’y a eu ni vainqueurs ni vaincus. (P. Apollinaire)
3 Aujourd’hui, en 2024, ce mot est banni, mais on dira pudiquement « question de culture ». (R.K.)

Le Grand Chef Ataï

Né peut-être vers 1830 – mort le 1er septembre 1878

    Originaire de la région de la Foa en Nouvelle-Calédonie, le chef Ataï, est le personnage emblématique de l’insurrection kanak de 1878. Il fut tué lors des opérations de « pacification » de l’île. 

atai kanak moulage musee d'histoire naturelle (© laboratoire d'anthropologie mnhΝ)Sa tête et une main furent livrées par des auxiliaires kanak à l’armée française puis envoyées dans les collections d’une société savante, la Société d’Anthropologie de Paris. Débute alors, au sein du musée, la seconde vie d’Ataï marquée par une transmutation du trophée martial en spécimen scientifique. Photo :  moulage en plâtre – Muséum National d’Histoire Naturelle, laboratoire d’anthropologie (MNHΝ). Sa dépouille sera rendue à ses descendants en 2014.

Tantôt figure du « sauvage » beau et anthropophage, ou du chef tacticien et insoumis, tantôt figure du révolutionnaire libérateur d’un peuple assujetti ou du pacificateur d’une colonie de peuplements, les interprétations passées et actuelles du Kanak Ataï offrent de multiples visages à explorer.

La décolonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les communautés qui vivent aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, en permettant au peuple kanak d’établir avec la France des relations nouvelles correspondant aux réalités de notre temps

Préambule aux Accords de Nouméa (1998)

Par Louise Michel

Déportée sur la presqu’île de Ducos à la suite de la Commune de Paris au moment des faits, Louise Michel évoque ainsi la mort d’Ataï dans ses célèbres Mémoires :

« Ataï lui-même fut frappé par un traître. Que partout les traîtres soient maudits ! Suivant la loi canaque, un chef ne peut être frappé que par un chef ou par procuration. Nondo, chef vendu aux blancs, donna sa procuration à Segou, en lui remettant les armes qui devaient frapper Ataï. Entre les cases nègres et Amboa, Ataï, avec quelques-uns des siens, regagnait son campement, quand, se détachant des colonnes des blancs, Segou indiqua le grand chef, reconnaissable à la blancheur de neige de ses cheveux. 

Sa fronde roulée autour de sa tête, tenant de la main droite un sabre de gendarmerie, de la gauche un tomahawk, ayant autour de lui ses trois fils et le barde Andja, qui se servait d’une sagaie comme d’une lance, Ataï fit face à la colonne des blancs. Il aperçut Segou. Ah ! dit-il, te voilà ! Le traître chancela un instant sous le regard du vieux chef ; mais, voulant en finir, il lui lance une sagaie qui lui traverse le bras droit. Ataï, alors, lève le tomahawk qu’il tenait du bras gauche ; ses fils tombent, l’un mort, les autres blessés ; Andja s’élance, criant : tango ! tango ! (maudit ! maudit !) et tombe frappé à mort. Alors, à coups de hache, comme on abat un arbre, Segou frappe Ataï ; il porte la main à sa tête à demi détachée et ce n’est qu’après plusieurs coups encore qu’Ataï est mort.

Le cri de mort fut alors poussé par les Canaques, allant comme un écho par les montagnes. […] Que sur leur mémoire tombe ce chant d’Andja : Le Takata, dans la forêt, a cueilli l’adouéke, l’herbe bouclier, au clair de lune, l’adouéke, l’herbe de guerre, la plante des spectres. Les guerriers se partagent l’adouéke qui rend terrible et charme les blessures. Les esprits soufflent la tempête, les esprits des pères ; ils attendent les braves ; amis ou ennemis, les braves sont les bienvenus par delà [sic] la vie. Que ceux qui veulent vivre s’en aillent. Voilà la guerre ; le sang va couler comme l’eau sur la terre ; il faut que l’adouéke soit aussi de sang. »

Repentances

En 1983, « les gens des côtes est et ouest se sont réconciliés à l’occasion d’un échange coutumier… Les gens de Thio-Canala ont demandé pardon à leurs frères pour leur responsabilité dans la mort du chef Ataï à la fin de l’insurrection de 1878 » (Alban Bensa, 1985, dans Chroniques kanak, 1995).

Le retour d’Ataï en 2014, 143 ans après sa mort

En 2014, après de nombreuses demandes et d’années de négociations, la tête d’Ataï a finalement été restituée à ses descendants en Nouvelle-Calédonie sous la présidence de François Hollande. Une cérémonie a eu lieu pour marquer ce retour important et un mausolée a été construit pour abriter ses restes. C’est un événement significatif pour les Kanaks et pour la mémoire historique de la Nouvelle-Calédonie.

GEO avec AFP a publié ceci le 02/09/2021 :

Plus d’un millier de personnes ont assisté mercredi en Nouvelle-Calédonie aux obsèques d’Ataï, considéré par la communauté kanak comme le héros de la révolte de 1878 contre le colonisateur, dont la tête avait été expédiée en France au lendemain de sa mort et restituée seulement en 2014.
A La Foa, au lieu-dit Wéréha, au milieu des plaines d’herbe grasse typiques des paysages du centre-ouest de l’archipel, un caveau gris abrite désormais les dépouilles mortelles d’Ataï et de son sorcier. Huit gigantesques poteaux en bois, sculptés dans chacune des aires coutumières du pays, veillent sur le repos des deux hommes, dont l’histoire n’a retenu que le nom d’Ataï. Leur inhumation a symboliquement eu lieu 143 ans jour pour jour après leur décapitation, pendant la grande révolte kanak de 1878.

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  • Publication publiée :26 octobre 2024
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Cette publication a un commentaire

  1. Avatar for Bob
    Dominique Munsch

    Ça fait froid dans le dos… (Konzentrationslager Struthof)